Le village historique, qui fait aujourd’hui partie du dème de Platanias, se trouve au km 16,5 km sur la route de Kissamos. Son origine se perd dans la brume des temps, comme le montrent les découvertes archéologiques.

Plus précisément, à Kafkales, au nord du village, on a découvert une tombe voûtée de la période minoenne tardive, d’où on a pu récupérer (malgré le fait qu’elle avait été pillée) plusieurs coquillages et deux chevalières, l’une en cuivre et l’autre en agate gravée d’un cerf. L’archéologue français Paul Faure interprète l’étymologie du nom du lieu à partir du mot malama (or) en avançant l’hypothèse de l’existence d’une mine d’or dans la région.

La région est mentionnée pour la première fois dans la province de Kydonia en 1577 par Fr. Barozzi avec le nom Maleme et par Kastrofylakas avec le nom Maleme et Venerocori avec 101 habitants en 1853 et 28 corvées.

Maleme a traversé les années de l’occupation ottomane et les années qui ont suivi la libération du joug turc jusqu’à aujourd’hui en gardant toujours le même nom. Lorsque les Turcs ont commencé à quitter la Crète, plusieurs familles de Lakkoi sont venues vivre ici:

«Le village a été fait» par les habitants venus de Lakkoi, dans les années 1832 -1842. Vu que les bergers de Lakkoi utilisaient les caps de Spatha et de Grambousa en tant que pâturages pendant les mois d’hiver, ils montaient et descendaient chaque année et passaient par Maleme. Lorsque les Turcs étaient sur le point de partir, ils ont suggéré à certains d’entre eux, appartenant à la famille Paraskaki, d’acheter des propriétés à Maleme. Un à un, ils ont commencé à acheter des propriétés et à s’installer à Maleme et Xamoudochori. Lors de leur arrivée à Maleme, il n’y avait pas d’église. Ils se rendaient donc dans les villages environnants pour Noël et Paques. Ils avaient désigné quelqu’un qui devait les réveiller la nuit pour qu’ils se rendent à la messe. Cependant, une fois, le crieur a oublié de les réveiller et, par conséquent, ils sont arrivés à l’église très en retard et n’ont pas réussi à recevoir la communion.

Ils ont décidé alors ce qui suit:

Nous devons construire une église ici. Il faut trouver une place et que chacun y porte une pierre.

Vu que de nombreux habitants de Maleme étaient originaires de Lakkoi, où se trouvait l’église Saint Antoine, ils ont consacré l’église de Maleme au même Saint.

Le terrain fut donné par la famille Galanidis, habitants de la région, et c’est ainsi que fut construite l’ancienne église d’Agios Antonios, une petite chapelle avec un toit en voute (vers 1840).

Avec le temps, le besoin d’une église plus grande a commencé à se faire sentir. Parmi ceux qui ont donné du terrain et dont l’aide a été décisive il faut rappeler Hadji Michalis Giannaris, qui a donné la surface principale et la famille Galanidis, qui avait déjà donné le terrain où la première église d’Agios Antonios avait été construite.

En 1918, on a posé la première pierre de la grande église. Lorsqu’ils ont dû creuser les fondations, il y avait deux points de vue. Selon l’un d’entre eux, la nouvelle église devait être juste un peu plus grande que la première tandis que l’autre point de vue, qui a prévalu, soutenait que la nouvelle église devait être majestueuse et imposante: d’où la phrase « Tirez le ruban » que les habitants avaient l’habitude de dire au entrepreneur qui mesurait les dimensions pour creuser les fondations du nouveau lieu de culte. Cette phrase est maintenant utilisée métaphoriquement pour désigner un événement ou une situation qui devrait avoir un long continuum.

L’église a été inaugurée en 1938.

Puis vint la guerre:

Les Britanniques voulaient la construction d’un aéroport à Maleme. Les villageois ont donné les terres nécessaires au projet. Après tout, leurs enfants se battaient déjà en Albanie.

Lors de la bataille de Crète, les Allemands avaient l’intention d’occuper l’aéroport de Malème, car ce n’est qu’ainsi que leurs avions auraient pu atterrir. Ils l’ont réussi la nuit du deuxième jour de la bataille. Jusque-là, leurs avions tombaient l’un après l’autre, touchés par des mitrailleuses, des canons et même des lance-missiles, mais principalement depuis la position de combat sur la colline 107 de Vlacheronitissa. Cette nuit-là, les Britanniques n’avaient pas pu envoyer de réserves sur la colline. La communication téléphonique avait été interrompue. Selon les informations, le commandant de l’armée anglaise qui se trouvait à Platanias a décidé d’envoyer un messager pour se rendre sur la colline et en revenir avec des nouvelles. Le messager n’est jamais revenu.

La Crète se rendit après la prise par les Allemands de la colline 107.

Pendant l’occupation allemande, le village fut abandonné. Les résidents cherchèrent refuge dans d’autres villages:

Après l’occupation du village, une partie de Maleme est devenue un camp de prisonniers de guerre. Il y avait de cinq à six mille prisonniers, Grecs et Anglais, entre les clôtures de barbelés. L’église d’Agios Antonios se trouvait également à l’intérieur du camp. Lorsque les Allemands vidèrent le camp, ils utilisèrent l’église comme entrepôt pour les pièces d’avion. Cela a poussé les Britanniques à bombarder l’église à plusieurs reprises.

Maleme avait trois autres églises dans la zone de l’aéroport. Au centre de l’aéroport, à environ 200 mètres au-dessus de la mer, se trouvait Saint – Georges. Elle a été démolie pour construire l’aéroport. A proximité se trouvaient le cimetière du village et l’église de Sainte Marina, qui a été détruite par les Allemands parce qu’elle était devenue un point de repère pour le bombardement de l’aéroport. Enfin, l’église d’Agios Ioannis, qui se trouvait à une centaine de mètres avant le pont de Tavronitis, a été détruite pour la même raison.

Le village a été abandonné par les habitants pendant l’occupation allemande:

Nous vivions dans les autres villages, chacun où il pouvait. Nous par exemple, nous sommes allés à Dere dans les premiers jours. Puis nous sommes allés à Limni, puis à Kontomari et Kissamos. Notre village a souffert de touts les points de vue.

 

Après la libération, lorsque le village s’est à nouveau réuni, les blessures dans les bâtiments aussi ont commencé à cicatriser. L’école avait été touchée par les bombardements. Les Allemands avaient creusé un refuge sous le plancher. Le bâtiment fut à ce point jugé impropre. Jusqu’à récemment, l’école était abritée par la salle d’ événements culturels, située à côté de l’église d’Agios Antonios. À présent, il y a le complexe de bâtiments scolaires de Maleme. L’école primaire (et maternelle) rassemble des enfants de tous les villages environnants. Le cimetière a été déplacé sur une pente au sud du village. On y a construit aussi la nouvelle église d’Agia Marina, dont la fête est célébrée chaque année le 17 juillet.

Il ne reste aujourd’hui que des souvenirs de la grandeur tragique de la bataille de Crète et des jours sombres de l’occupation allemande. Dans le cimetière allemand de Maleme, à 1 km du village, reposent les ossements des soldats allemands qui ont pris part à la Bataille de Crète.

Maleme, zone de tourisme estival, connait, comme c’est le cas pour tous les villages côtiers, un rythme de vie plus rapide et plus de mouvement en été. Le village possède une riche infrastructure hôtelière. Il y a de nombreux restaurants et cafés le long de la plage. Dans le village il y a un cabinet médical permanent. On y trouve aussi une pharmacie, une épicerie, une boutique touristique, un kiosque et deux cafés traditionnels. Maleme a aussi une association culturelle active et dispose d’une salle pour les événements culturels.

Maleme a été désignée par décision ministérielle comme siège historique de la municipalité de Platanias.